Nouvelle épidémie émergente : ce qu’il faut savoir

En 2023, plus de 70 % des nouvelles maladies humaines recensées étaient d’origine animale. Certaines s’étendent au-delà de leur foyer initial en quelques semaines, alors que d’autres disparaissent sans laisser de trace. Aucune frontière sanitaire ne garantit une immunité collective durable contre ces agents infectieux.

Les protocoles de surveillance sont continuellement adaptés pour anticiper les mutations et limiter la propagation. La collaboration internationale demeure essentielle afin d’identifier rapidement les signaux faibles et prévenir une crise sanitaire majeure.

Virus émergents : comprendre les nouveaux risques pour la santé

Environ 75 % des maladies infectieuses émergentes chez l’être humain prennent racine chez l’animal, souvent via des zoonoses. Quand un agent pathogène quitte la faune sauvage pour atteindre l’humain, la santé publique se retrouve face à une équation complexe. Chauve-souris, rongeurs, oiseaux migrateurs : autant de réservoirs naturels pour des virus aussi différents qu’Ebola, la grippe aviaire ou le sars-cov. Les animaux domestiques jouent parfois le rôle d’intermédiaires, accélérant la transmission entre la faune sauvage et l’homme.

Il faut aussi compter avec les vecteurs comme les moustiques, tiques ou moucherons, véritables relais pour la dissémination des agents infectieux. Dengue, chikungunya, fièvre hémorragique de Crimée-Congo : la carte de ces maladies évolue au rythme des mouvements de leurs vecteurs, eux-mêmes influencés par l’environnement et le climat. Suivre les populations animales et analyser la génétique des virus permet d’anticiper ces nouveaux risques avec plus de finesse.

La montée en puissance des maladies infectieuses émergentes frappe d’abord les populations vulnérables. Dans les bidonvilles, les zones rurales isolées, ou dans certains pays du Sud, la proximité entre humains et animaux multiplie les possibilités de transmission. À cela s’ajoute une autre menace, plus sourde : l’antibiorésistance. L’usage massif d’antibiotiques, en médecine humaine comme vétérinaire, engendre des bactéries toujours plus résistantes et complique la gestion des infections lors d’épidémies.

Pour mieux cerner ce paysage, voici les points-clés à retenir :

  • Agents infectieux : virus, bactéries, parasites venus de la faune sauvage ou domestique
  • Modalités de transmission : contact direct, rôle des vecteurs, « saut d’espèce »
  • Populations exposées : territoires où la promiscuité entre humains et animaux est forte, contexte sanitaire précaire
  • Risque aggravé par la montée de l’antibiorésistance

Quels sont les facteurs qui favorisent l’apparition de nouvelles épidémies ?

La multiplication des épidémies émergentes ne relève pas d’un simple concours de circonstances. Plusieurs leviers, souvent liés, transforment un agent infectieux localisé en enjeu mondial. Première force en jeu : le changement climatique. Il bouleverse les écosystèmes, déplace les vecteurs comme les moustiques ou les tiques, et ouvre la porte à des maladies autrefois absentes de certaines régions. Aujourd’hui, la dengue s’invite là où elle était inconnue il y a dix ans, tandis que d’autres pathologies infectieuses avancent leurs pions.

L’urbanisation accélérée et la déforestation poussent humains et faune sauvage à cohabiter toujours plus près. Quand l’habitat naturel recule, les contacts se multiplient, et le « saut d’espèce » devient bien plus probable. Les pratiques d’élevage intensif aussi, en rapprochant animaux et humains dans des espaces confinés, offrent aux virus un terrain idéal pour muter et circuler à grande vitesse.

La mobilité internationale bouleverse l’équation. Un virus inconnu peut traverser la planète en quelques heures, transporté par un passager ou caché dans une cargaison. La pandémie de covid-19 l’a montré de façon éclatante, mais ce schéma se répète, plus discrètement, avec d’autres maladies portées par les flux de voyageurs et de marchandises.

Enfin, la pression antibiotique et l’usage inadapté des antibiotiques en médecine humaine et animale alimentent la résistance bactérienne. Ce phénomène transforme des infections autrefois banales en problèmes de santé publique, notamment en période épidémique, avec l’apparition de souches résistantes et difficiles à traiter.

Main tenant un journal sur une epidemie emergente au petit déjeuner

Recherche, prévention et surveillance : comment la société se protège face aux maladies émergentes

Pour faire face aux maladies infectieuses émergentes, il faut mobiliser tout un écosystème : recherche scientifique, prévention, et surveillance épidémiologique se donnent la main. Des institutions comme l’Institut Pasteur, l’ANRS-MIE ou Santé publique France rassemblent des experts venus d’horizons variés, décidés à comprendre le fonctionnement des virus émergents et anticiper le risque de saut d’espèce. L’approche One Health s’impose progressivement : santé humaine, animale et environnementale, tout est lié. Et ce n’est pas un luxe quand on sait que trois quarts des maladies infectieuses émergentes viennent du monde animal.

La vaccination joue un rôle-clé dans le contrôle des agents pathogènes, mais la défiance envers les vaccins et les disparités d’accès continuent de freiner la couverture collective. Les réseaux de surveillance, qu’ils soient nationaux ou internationaux, restent sur le qui-vive. L’OMS, les centres nationaux de référence, les laboratoires spécialisés surveillent l’apparition de nouveaux foyers, partagent leurs données, mais se heurtent parfois à des systèmes d’information cloisonnés qui ralentissent la coordination.

La prévention fait appel à une myriade d’acteurs : médecins généralistes, ONG, industrie pharmaceutique, décideurs publics, tous mobilisés pour renforcer la capacité d’action. Des campagnes d’éducation scientifique visent aussi à sensibiliser les citoyens, afin d’augmenter la résilience collective. Quand une flambée épidémique survient, des fonds d’urgence sont mobilisés rapidement, mais leur pérennité dépend toujours de la volonté politique et d’une coopération internationale efficace.

Renforcer la coopération Nord-Sud devient incontournable, car les populations les plus exposées sont souvent les premières touchées et les moins armées pour réagir. Dernier front, la communication de crise doit aujourd’hui composer avec la viralité des réseaux sociaux : il s’agit de couper court aux rumeurs et de transmettre des informations fiables, sans attendre.

Les épidémies surgissent, disparaissent, la vigilance ne faiblit pas. Le prochain virus attend peut-être déjà son heure, tapi dans l’ombre d’un marché, d’une forêt ou d’un aéroport. Reste à savoir si nous saurons, collectivement, relever le défi à temps, ou si l’histoire se répétera, encore plus vite.

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